Historique de l’association

A l’origine, une instance fédératrice pour les « clubs d’enfants et d’adolescents »

L’association portant ce nom existe depuis 1957. Son premier objectif était alors de contribuer à la création de clubs d’enfants et d’adolescents et de permettre aux responsables et animateurs de ces clubs, des bénévoles souvent liés à des paroisses protestantes :
• de rassembler des observations et de confronter analyses et interprétations autour du phénomène nommé alors : « l’enfance en danger ». Bien que désuète, l’expression a l’intérêt de mettre l’accent sur les dangers auxquels l’enfance est exposée, non sur les dangers qu’elle ferait courir aux adultes, à l’environnement social …
• de se former aux diverses techniques d’animation de groupe et d’écoute individuelle
• de maîtriser certaines pratiques, en matière d’expression artistique et sportive par exemple, pouvant servir de support aux activités au sein des clubs.

L’association était une instance fédératrice, pour ces clubs, et l’organe qui leur permettait d’être représentés auprès des pouvoirs publics et des organismes dont dépendaient leur reconnaissance et leur financement.

En tant que « JEEP Alsace », l’association faisait elle-même partie d’en ensemble plus vaste, une association « JEEP nationale », liée à son tour aux multiples associations (les unes d’inspiration laïque, les autres d’origine ou d’inspirations confessionnelle) soucieuses d’agir préventivement en faveur des jeunes les plus exposés aux conséquences de conditions de vie précaires et difficiles, dangereuses parfois – conséquences psychiques (fugue ou révolte, comportements suicidaires ou agressifs…)et conséquences sociales souvent confondues ( phénomènes de « bande » – on parlait alors beaucoup des « blousons noirs », violences entre bandes et « carrières délinquantes » …).  

Avec les années 60, la jeunesse devient source de préoccupation

Les années 60 ont vu naître et se multiplier les cités, généralement construites dans l’urgence pour répondre à différents problèmes : relogement des habitants des centres urbains insalubres, accueil de personnes d’origine rurale, logement de travailleurs étrangers bientôt rejoints par leur famille, venus en France occuper des postes faiblement qualifiés dans des secteurs économiques demandeurs d’une importante main d’œuvre.

Du fait de sa situation, souvent en porte-à-faux entre milieu d’origine et un nouveau milieu (les cités) manquant souvent de services publics et éloigné des réseaux de desserte urbaine, la « jeunesse » a été assimilée à un « problème de société » ; au mieux, elle a été identifiée à une « classe d’âge » spécifique située quelque part entre l’enfance et l’âge adulte et appelant l’attention toute particulière des responsables associatifs et politiques. Devant l’ampleur de certaines difficultés, l’engagement bénévole a été jugé insuffisant et si l’on n’a pas souhaité sa disparition, l’on a estimé qu’il convenait de faire appel à des professionnels compétents, plus disponibles et mieux formés pour faire face à des situations complexes et à des actions de longue durée.

Dès 1972, la JEEP s’inscrit dans le cadre du travail social via la prévention spécialisée

Ainsi, en même temps que se développait et se structurait le champ du travail social, le type d’action, au sein de la JEEP, se rapprochait du modèle d’intervention éducative officialisé par la Loi de 1972, qui, sous le nom de « Prévention spécialisée », définit un secteur original de l’action sociale et une manière très spécifique d’exercer le métier d’éducateur spécialisé. Aujourd’hui, c’est le Conseil Général qui a toute compétence en ce domaine. C’est lui qui agrée les associations compétentes, qui passe avec elles convention pour préciser les quartiers où sont présentes les équipes d’éducateurs, la composition de celles-ci ainsi que les priorités éducatives ; lui aussi qui accorde aux associations la dotation budgétaire correspondante.

Dès 1972, l’association a compris que ce nouveau cadre institutionnel représentait une chance pour affermir et développer son action. Elle a alors demandé et obtenu un agrément de prévention spécialisée ; grâce à quoi elle a pu recruter un premier salarié, chargé de conseiller et de mieux préparer les responsables et les bénévoles des clubs à affronter, à travers les jeunes rencontrés, des situations familiales tendues et à accompagner ces mêmes jeunes dans le passage vers la vie adulte, passage de moins en moins balisé par les anciens « rites de passage », de moins en moins définissable comme une transition assurée vers l’état d’adulte.

L’action de la JEEP a ainsi connu un nouvel élan puisque, à côté de l’activité « clubs » (implantés dans des villes et petites villes, mais aussi dans certains villages), elle s’est impliquée dans la « prévention spécialisée » : dès 1973, l’association est présente, à travers les éducateurs salariés qu’elle a pu embaucher, dans les trois secteurs de Hautepierre, Neuhof, cité des Ecrivains (à Bischheim-Schiltigheim). Ces implantations se poursuivront, au quartier du Marais (Schiltigheim) à partir de 2000. En 2011, l’équipe de la Meinau gérée auparavant par la PAM (Prévention Action sociale à la Meinau) a été intégrée à la JEEP, suivie en 2015 par les équipes de Haguenau et d’Erstein gérées auparavant par Profil Prévention.

L’action de la JEEP s’inscrit dans l’évolution du travail social en répondant aux nouvelles missions confiées par le département comme le Pass Accompagnement Emploi, ou en cher expérimentant des nouvelles solutions comme les chantiers d’insertion.